Refuge du Tourond : L’Âme de la Montagne, la Mémoire d’un Gardien
Au fond de la vallée de Champoléon, là où la route s’efface et où commence le territoire du silence, veille le refuge du Tourond. Drapé de lumière au cœur de la montagne, il est un abri, un repère, un témoin discret des bouleversements du temps.
Prendre le Temps de la Montagne

La montagne se dévoile à qui sait attendre.
La montagne enseigne la patience et l’humilité. Au refuge du Tourond, on apprend à ralentir, à écouter, à sentir. Le tumulte du monde s’éloigne ; ne restent que l’essentiel : le craquement du bois dans la cheminée, le parfum du café matinal, la chaleur d’un feu partagé. On s’y laisse gagner par la magie des lieux, par la beauté brute des cimes, par la fragilité du vivant qui palpite encore, malgré les changements qui s’accélèrent. Ici, chaque silence a un sens, chaque souffle de vent raconte une histoire.
Mais la montagne, ce n’est pas un décor de carte postale ou un terrain de jeu à conquérir. C’est un monde à part, exigeant, imprévisible, qui ne se laisse jamais dompter. Loulette le rappelle souvent, avec la sagesse de ceux qui sont nés ici :
« Un montagnard, c’est pas juste quelqu’un qui vient courir avec son sac dernier cri ou qui coche des sommets. Un montagnard, il est né, il a grandi, il vit ici. Il sait que la montagne, on ne la possède pas, on fait avec. »
Loulette, Gardien et Mémoire des Lieux

L’âme discrète et bienveillante de la montagne.
Stéphane, que tous appellent "Loulette", est le gardien du refuge du Tourond depuis 39 ans. Né et élevé dans ces montagnes, il incarne cette figure authentique du montagnard, profondément attaché à la terre qui l’a vu grandir. Sa présence au refuge est une constante rassurante, un lien vivant entre le passé et le présent.
Depuis presque quatre décennies, Loulette veille sur ce lieu comme on veille sur un vieux secret. Son regard posé sur les montagnes porte la mémoire des saisons, la sagesse des anciens, la tendresse du montagnard qui sait ce que la nature offre et reprend.
Loulette, c’est la parole rare mais juste, le sourire discret, la main tendue à chaque voyageur. Il incarne la montagne, sa force tranquille, sa capacité à accueillir sans juger, à transmettre sans jamais imposer. Sa vie est faite de veilles, de soins attentifs, de gestes simples mais essentiels. Il est le confident des orages et des aurores, le témoin des joies et des peines de la haute vallée.
Il a vu la montagne changer, s’ouvrir, devenir plus accessible. Parfois, il s’inquiète de voir certains oublier la rudesse de ces lieux, leurs codes, leur humeur.
« La montagne, c’est pas un commerce. Le refuge non plus. Ici, c’est un lieu d’accueil, de dialogue, de partage. »
L’Évolution de la Montagne : Entre Tradition et Modernité

Mystère, silence, et beauté fragile des Hautes-Alpes.
Autrefois, la montagne était le domaine des bergers, des forestiers, des habitants du cru. On y venait par nécessité, par passion, rarement pour cocher des exploits. Aujourd’hui, l’accessibilité a tout changé : sentiers balisés, équipements dernier cri, réseaux sociaux qui transforment chaque sommet en trophée à collectionner. Mais la montagne, elle, n’a pas changé d’âme. Elle reste imprévisible, parfois dure, toujours authentique. Ceux qui la respectent, qui prennent le temps de l’observer, de l’écouter, sont ceux qui en reçoivent le plus.
Loulette ne juge pas, mais il observe, avec une pointe de nostalgie, ce monde qui va plus vite, qui oublie parfois que la montagne se mérite, qu’elle n’est jamais acquise.
Une Équipe de Bons Vivants, la Chaleur Humaine
Autour de Loulette gravite une équipe à son image : franche, joyeuse, soudée. Ici, la déconnade côtoie le sérieux, le franc-parler s’invite à table, et le picon bière scelle les amitiés. On rit fort, on travaille dur, on accueille chaque visiteur comme un ami de passage. La convivialité n’est pas un mot, c’est un art de vivre, une tradition montagnarde qui se perpétue dans chaque assiette champsaurine, chaque veillée, chaque éclat de rire.
Au refuge du Tourond, on ne vient pas seulement pour dormir ou se restaurer. On vient pour partager, pour échanger, pour ressentir ce lien unique qui unit ceux qui aiment la montagne. Lors de ma dernière redescente, j’ai eu la chance de m’attabler avec Loulette et quelques compagnons de passage. Un bout de saucisson, du pâté de chevreuil, un bon rouge : les mets étaient simples, mais l’instant inoubliable. Les histoires se mêlaient, les rires fusaient, et chacun, qu’il soit montagnard de souche ou amoureux de passage, trouvait sa place autour de la table. C’est ça, l’esprit du refuge : la chaleur humaine, le partage, la passion.
Un Havre de Paix à Préserver
Mais la montagne, même ici, n’est plus tout à fait la même. Le vivant se fait plus fragile, les équilibres se modifient, les traces du temps et des hommes s’inscrivent dans la roche et les forêts. Le refuge du Tourond devient alors un sanctuaire, un lieu où l’on se rappelle que la beauté est précieuse, que le silence est un trésor, que la nature a besoin de respect et de soin.
Loulette veille à ce que le refuge reste un lieu d’authenticité, loin des logiques de rendement ou de consommation. Ici, on prend le temps d’observer un bouquetin, de sentir le vent tourner, de regarder la neige tomber sur les mélèzes. On apprend à faire avec la montagne, à accepter ses humeurs, à respecter ses limites.
Transmettre l’Âme du Refuge
Aujourd’hui, Loulette s’apprête à passer le relais. Mais l’âme du refuge ne tient pas à un seul homme : elle vit dans chaque pierre, chaque souvenir, chaque sourire échangé au seuil de la porte. Elle se transmet, humblement, de gardien en gardien, de voyageur en voyageur, comme un flambeau fragile mais tenace.
Après 39 ans de veilles, de partages, de tempêtes et de belles rencontres, Loulette laisse derrière lui bien plus qu’un refuge : il laisse une mémoire, un esprit, une façon d’habiter la montagne. Le refuge du Tourond restera ce havre où la montagne se vit pleinement, où l’on prend le temps de vivre, d’écouter, de sentir. Un lieu où l’on se rappelle que l’essentiel est là, dans la simplicité, la chaleur humaine, la mémoire partagée.
Tant que subsistera cet esprit, la lumière du refuge brillera, guidant les pas de ceux qui, là-haut, cherchent un peu de paix, de vérité, et la force tranquille de la montagne.
Très bel hommage pour celui qui a su embellir ce lieu de son âme de sa générosité de son sourire don respect delà nature et des gens .
Merci beaucoup pour votre retour, oui une très belle personne ce Loulette
Merci ! Ces mots sont sublimes ! Stéphane, Loulette m’a accueilli, un jour où je découvrais le refuge. N’ayant pas de couteau pour couper mon saucisson…Glups ! Mon couteau était resté dans mon autre sac à dos. Stéphane m’a prêté un « énorme » couteau. 🙂 Je m’en souviendrai toute ma vie ! Merci.
Merci !
Loulette, un Homme au grand cœur